Convergences

8 Septembre 2023

Convergences

 

Contient les pièces suivantes :

– François NARBONI : Jour de Colère (commande du Duo Phébus)

– Claude DEBUSSY : La Fille aux Cheveux de Lin

– Jacques IBERT : Entr’acte

– Toru TAKEMITSU : Umi e (Toward the Sea) 

– Anders KOPPEL : Perpetuum Mobile (commande du Duo Phébus)

– Gabriel FAURÉ : Sicilienne en sol mineur, op. 78

– Camille SAINT-SAËNS : Fantaisie en la majeur, op. 124

Homerecords Studio
sortie le 8 septembre 2023
Disponible en CD physique et en digital sur les plateformes de streaming
Prix du CD physique : 19,50€

Si vous souhaitez acheter le CD physique, merci de nous contacter à l’adresse duophebus@protonmail.com

Extrait du livret

Convergence

Un rapide coup d’oeil dans le dictionnaire à l’entrée « convergence » permet de constater que ce mot a de multiples acceptions. Parmi les nombreuses définitions recensées, nous en reproduisons quatre ci-dessous :

1. Fait de tendre vers un même but ou un même résultat

2. (Physique) Propriété des rayons lumineux qui se dirigent vers un même point

3. (Biologie) Phénomène selon lequel des êtres d‘espèces différentes présentent des caractères communs dûs à une adaptation à leur milieu

4. Fait de présenter des analogies, des points communs

C’est bien pour sa richesse polysémique que nous avons décidé de donner ce nom à notre premier album : il nous semble en effet correspondre tout à fait à la démarche artistique que nous poursuivons.

Une rencontre entre deux personnes et deux instruments

La convergence la plus élémentaire consiste bien entendu en la mise en commun de nos efforts dans ce projet artistique. Au-delà de cette évidence, il s’agit également d’une association entre deux instruments souvent opposés dans notre aire culturelle. Si ceux-ci se différencient fortement par leur mode de production du son (par frottement pour le violon ; par percussion pour le marimba), ils se distinguent également par leur place dans l’histoire de la musique occidentale.

En Europe, le violon est en effet considéré depuis plusieurs siècles comme un instrument noble. Il bénéficie d’une littérature abondante et a pu compter sur diverses traditions de jeu favorisant l‘émergence d‘écoles nationales. À l’opposé, le marimba, même s’il puise ses racines dans des instruments ethniques très anciens, n’existe dans sa forme moderne que depuis le début du XXe siècle. Les techniques de jeu complexes ne se sont développées que depuis quelques dizaines d‘années. La littérature est encore relativement maigre, comparée à celle d‘instruments comme le piano ou le violon.

Transcriptions et commandes d’oeuvres originales

Ces observations nous amènent forcément à aborder la question du répertoire pour la formation marimba-violon. Nous n’étonnerons personne en affirmant que celui-ci est très réduit, même si plusieurs œuvres de très bonne qualité existent. Devant ce constat, nous avons décidé d’avancer simultanément dans deux directions.

– D’une part, réaliser par nos propres soins des transcriptions de pièces issues des époques baroque, classique, romantique et moderne.

– D’autre part, solliciter des compositeurs actuels pour composer des œuvres originales pour notre duo. Ce travail de création est essentiel à nos yeux.

Les morceaux choisis pour figurer dans cet album reflètent cette démarche.

Convergences encore : la réunion de la musique du passé avec celle écrite aujourd’hui, ainsi que la rencontre artistique et le travail en commun avec les différents compositeurs sollicités.

Un idéal philosophique

Revenons aux définitions du mot « convergence ». La notion commune sous-tendue est celle de « sens ». Le philosophe François Cheng nous dit que ce mot contient 3 orientations différentes : sensation, direction et signification. Ces trois dimensions s’organisent en quelque sorte par étage : lorsqu’un être humain est touché par la beauté, celle-ci le porte à suivre une voie plutôt qu’une autre. Cette voie prend ensuite une dimension spirituelle et existentielle profonde.

La musique n’est donc pas seulement une distraction agréable, mais doit provoquer un changement profond dans la conscience de l’individu. Elle a la faculté de parler à notre être profond et à apporter de la clarté à l’esprit humain : nous en sommes intimement persuadés. Comme le dit l’immense Daniel Barenboim : « [la musique] n’est pas seulement belle, émouvante, envoûtante, réconfortante ou passionnée, même si, à l’occasion elle peut être tout cela. La musique est une partie essentielle de la dimension physique de l’esprit humain ». De notre point de vue d’interprètes, cela implique à la fois une démarche éthique et esthétique.

La mise en relation d’êtres humains

Dans le meilleur des cas, la musique permet l’émergence d’une forme de communion entre les différents acteurs présents. Ces moments de grâce, rares et précieux, sont inoubliables. Il s’agit bien entendu ici de la forme la plus élevée de convergence. Toutes les sociétés humaines à travers l’histoire ont en effet reconnu ce pouvoir profond de la musique, ce qui explique son utilisation intensive lors de rituels religieux. Plusieurs cosmogonies de civilisations anciennes font d’ailleurs débuter la création du monde par un son, première force créatrice qui conduit du chaos à l’ordre. Comme si la musique précédait et présidait à la création de l’univers…